Photo du site mirssa.ma
Prés des ¾ des crevettes d'élevage sont produites en Asie.
Cela commence par la récolte de poissons afin de fabriquer les farines destinées à nourrir les crevettes...
CP Foods, le plus gros éleveur mondial de crevettes, achète des farines de poisson à des fournisseurs qui font travailler sur leurs bateaux une main d'œuvre de migrants, venus de Birmanie et du Cambodge, vendus et traités comme des esclaves.
Ces hommes sont obligés de travailler plus de vingt heures par jour, doivent souvent se contenter d'un bol de riz quotidien et sont régulièrement battus. Les témoignages recueillis font aussi état de tortures, d'exécutions, de suicides.
Un rapport de l'Organisation internationale des migrations (OIM), expliquait que les pêcheurs, vendus aux capitaines des bateaux par des trafiquants, pouvaient rester «des années» à travailler sur les navires sans être payés. Parfois sans mettre le pied à terre, en naviguant jusqu'au large de la Somalie, d'autres bateaux assurant le ravitaillement.
Le groupe CP Foods a de son côté lui-même reconnu un «problème d'esclavage endémique chez les fournisseurs de fruits de mer».
Cela continue par l'élevage ...
Ces élevages de crevettes sont la cause d’une forte déforestation ou de dégâts environnementaux, sources émissions de gaz à effet de serre. Mais le bilan carbone de l’élevage est aussi aggravé par de l’impact de la nourriture, des emballages, du stockage et de la logistique nécessaires pour les envoyer à l’autre bout du monde.
En Asie, 50 à 60% des élevages de crevettes sont implantés en bord de mer. Ces élevages empiètent souvent sur des mangroves et des forêts côtières sont fréquemment rasées pour y mettre les bassins de crevettes. Or, la mangrove a un rôle protecteur fondamental pour les populations exposées aux tsunamis ou aux tempêtes.
Dans certaines exploitations, on ne donne pas d’aliments aux crevettes, qui se nourrissent de micro-algues renouvelées par les marées. Les taux de mortalité sont proches de 95 %. Mais ces élevages sont plus rentables parce que le seul coût, c’est l’achat des larves.
Ces installations vétustes sont souvent abandonnées : les bassins d’élevage ne durent pas plus de 3 à 9 ans à cause des maladies qui prolifèrent dans les élevages, de l’acidité et de la contamination des sols. Pour que les sols se régénèrent, il faut entre 35 et 40 ans au terrain pour se reconstituer.
Les traitements antibiotiques, les pesticides, les engrais chimiques sont présents en grande quantité dans la chaîne de production. La densité des crevettes dans les bassins d’élevage est énorme (100 à 200 individus au mètre carré).
Les crevettes de Madagascar sont les seules élevées dans des conditions acceptables et bénéficient du label AB.
La pêche
Les crevettes et les bouquets (grosses crevettes roses), figurent parmi les produits de la pêche les plus commercialisés. Ils représentent une valeur totale de 10 milliards de dollars, soit 16 pour cent des exportations mondiales des produits de la pêche.
La pêche à la crevette est l’une des pires formes de pêche pour les ressources halieutiques, les 3/4 de la pêche de crevettes sauvages se font avec des filets coniques tirés par les navires de pêche, souvent dans les baies et les estuaires, ce qui a pour effet de racler et d’endommager les fonds marins.
Les crevettes ne représentent pas plus de 2 à 4 % des captures de certains navires-usines. Autrement dit, 98 % des prises de cette pêche sont ratissés à l’aveugle et considérés comme des «prises accessoires». Les prises accessoires comprennent souvent des juvéniles d’espèces de poissons importantes sur le plan commercial (morue, rascasse, vivaneau rouge, maigre, thazard, thazard atlantique et truite de mer), ainsi que des tortues de mer.
Ainsi, on estime que, pour 1 kilo de crevettes pêchées, il faut pêcher involontairement jusqu’à 20 kg de poissons selon la FAO.
Les crevettes pêchées en Scandinavie, en Norvège ou en Suède, par des bateaux de pêche sont expédiées par camion et traversent douze frontières jusqu’au Maroc où elles sont lavées, épluchées par des ouvrières payées, en Dirhams, beaucoup moins cher qu’en Scandinavie. Elles repartent ensuite en camion vers.. la Scandinavie. De là, elles sont réexportées vers toute l’Europe.
Pour chaque tonne de crevettes de Scandinavie traitée, on dépense 150 litres de gasoil pour parcourir 10 000 kilomètres avant d’atterrir dans votre assiette. A poids égal, un bœuf élevé sur une prairie également aux dépends d’une forêt tropicale émet 10 fois moins de CO2 !
Un sachet de 450 grammes de crevettes surgelées = 1 tonne de dioxyde de carbone
Manger des crevettes de qualité, nécessite d’être vigilant lors de l’acte d’achat.
Seuls les labels permettent d’en garantir la qualité.
Et si certains prix sont très bas, c’est certainement que la qualité n’est pas au rendez-vous.
Super intéressant cet article Valérie ..j avais déjà vu une émission sur l élevage des crevettes et Ca donne pas trop envie d en manger !
RépondreSupprimerEn effet, Bibi ! J'étais une grande consommatrice de crevettes roses et depuis que j'ai pris conscience de tout ce qu'impliquait l'élevage et la pêche de ces petites bêtes, je n'en consomme plus, sauf de rares fois, celles de Madagascar qui sont évidemment beaucoup plus chères ! Idem pour le Panga ...
SupprimerHeureusement, je ne suis pas attirée!
RépondreSupprimerJe dois dire que ton article m'a interpelée et depuis je regarde d'encore plus près les crevettes que j'achète.
RépondreSupprimerTu m'en vois ravie, Dog !
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